Lieu : Périgueux
Casser les idées reçues
De surprise en surprise, voilà une enceinte que je trouvais ridicule de prime abord avec ses 3 tweeters que le constructeur indique comme étant une 2 voix, une aberration acoustique quand on connait le principe des filtres en peigne générés par l’addition de plusieurs haut-parleurs produisant de courtes longueurs d’onde (ou plutôt des longueurs d’onde inférieures à la distance entre les 2 centres émissifs, pour être précis)
L’installation est dédiée sous les combles, très simple, moquette épaisse, placo peu épais, fenêtre avec rideau occultant, écran de 2.40m de base fixe. Acoustiquement la salle est trop absorbante dans l’aigu et résonne dans le médium/bas-médium.
Ces enceintes ne font pas de grave, le choix du caisson est donc primordial dans leur rendu. Ici, on a choisi un XTZ 12 pouces.
Au départ, pour comprendre le fonctionnement de ces enceintes, j’ai commencé par faire une mesure de chaque haut-parleur. Et c’est là que j’ai compris qu’elles n’étaient pas aussi mal conçues que je le pensais. En fait ce sont des 3 voies : un des tweeters reproduit l’aigu à partir de 3000Hz et les 2 autres sont montés en appolito pour reproduire la bande 1500 à 2500Hz environ. Surprenant !
Mais quand on y réfléchit, c’est la zone d’impact de l’aigu. Donc le fait d’utiliser 2 tweeters assez rapprochés pour ne pas générer de filtres en peigne dans cette gamme est une bonne idée.
Les deux haut-parleurs de médium sont identiques et présentent une courbe descendante pour un raccord aux environ de 1500Hz ce qui est très bas pour des tweeters à dôme. Encore une fois, l’utilisation de 2 tweeters permet de diviser la puissance nécessaire par 2 pour le même niveau sonore, et permet d’éviter la casse du tweeter à une fréquence aussi basse.
Malin comme approche.
La calibration en elle-même sera assez simple à réaliser : le comportement des enceintes étant neutre comme ce que l’on attend d’enceintes THX ultra 2, et c’est plus sur le caisson qu’il faudra du travail car au départ, il talonnait dès qu’il y avait de l’infragrave à fort niveau dans les films (extraits « Immortals », « The Incredibles », « Avatar »).
Heureusement XTZ a prévu tous les cas de figure grâce aux EQ intégrés et aux bouchons des évents qui permettent de changer la courbe de réponse en en créant au moins 6 différentes. Donc on reprend les tests en ayant trouvé une courbe qui ne le fait plus talonner. Mise en phase du caisson avec les enceintes, détermination du point d’écoute idéal par rapport au grave de la salle, délai des enceintes et linéarisation des courbes de réponse pour une courbe cible assez droite, le propriétaire aimant les écoutes très claires, ici on dérive un peu de ce qui est attendu en écoute normalisée cinéma.
On remet alors les extraits écoutés précédemment et je rejoins mon collègue Ashram dans son test de ces enceintes : la dynamique est exceptionnelle !
(test ici : http://www.harmonique-blog.be/test-mksound-950)
Pour des enceintes qui ne sont pas haut rendement, c’est bluffant. Les impacts vous pètent littéralement à la gueule avec une précision et une spatialisation extraordinaire. Le son est reproduit avec une hauteur impressionnante, bien au-dessus de l’emplacement des enceintes. Il envahit la pièce comme un monstre invisible qui vous met des claques de façon fourbe et imprévisible !
C’est un son très démonstratif, vraiment peu commun. Revers de la médaille : à la longue ça peut être fatiguant, mais là c’est un point de vue subjectif. Certains y trouveront leur bonheur, d’autres moins. En tout cas ce sont des enceintes qui ne laissent pas indifférent.
A gauche, mesures proches des haut-parleurs qui montrent leurs fréquences de travail et les coupures
A droite, mesures après la pré-calibration au point d'écoute (FL et FR)
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